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grin, il n’ose en porter un deuil public : mais un mari qui perd une femme dont il étoit l’ennemi & le persécuteur, doit affecter pendant long-tems tout l’extérieur lugubre d’une douleur qu’il ne ressent pas. Il est encore de la dignité d’un grand seigneur d’ordonner par un testament la construction de quelque nouvelle chapelle, soit dans le temple de Junon ou dans celui de Jupiter, & cela parce qu’on doit donner en mourant une partie des biens dont on ne peut plus jouir ; alors on lui dresse un tombeau magnifique ; des épitaphes en beau style en ornent les quatre faces, ce qui coûte des sommes immenses qui seroient bien mieux employées à payer des créanciers qu’à élever un superbe mausolée à un débiteur insensible. Enfin rien ne manque à ces pompes funèbres, que la douleur à ceux qui y assistent. On se ressouvient cependant encore deux ou trois mois après de ce pauvre mort, parce que l’usage veut qu’on invite solennellement toutes ses connoissances â venir entendre un orateur gagé pour prononcer un éloge qui est communément un tissu de contre-vérités, qui ne sert qu’à faire admirer l’éloquence de l’orateur, à qui il suffit d’avoir peint les vertus d’un héros en y ajoutant le nom du défunt.

Les différentes provinces que nous venions de traverser, ne m’avoient encore offert que très-peu d’exemples qui pussent me mettre au fait des usages