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de milord Céton.

de Lucinde, vanta, beaucoup les charmes de cette jeune personne, & la probité & la bonne mine d’Amilcar ; elle trouva que rien n’étoit si bien assorti que ce mariage : ces heureux amans, dit-elle, vont enfin jouir en liberté du plaisir d’aimer & de celui d’être aimés, de ce mélange de tendresse, de ce retour d’estime que les gens sensés devroient toujours rechercher dans leurs mariages, Il est vrai, belle Monime, dit Zachiel, mais des liens si doux ne peuvent être fondés que sur la vertu, & malheureusement la plupart des Joviniens n’emploient dans leur union que le deguisement ; on diroit qu’ils ne sont d’accord que pour mieux se tromper : l’enjouement, les complaisances, les affinités, les soins, le faste & la dépense, ne sont employés que pour cacher la bisarrerie de leur caractère, l’inégalité de leur humeur & le mauvais état de leurs affaires. Rien n’est si rare que de trouver chez eux deux cœurs liés par l’estime la plus parfaite, la confiance la plus sincère, le respect & la tendresse la plus délicate, & cette ardeur mutuelle de s’obliger & de se prévenir ; tout devroit concourir dans ces engagemens à la bonne intelligence que les adversités ne peuvent jamais altérer, & qui devient même un lien de plus à ceux qui sont unis de la sorte, comme si c’étoit un nouveau devoir qui dût achever de n’en faire qu’une seule personne.

Mais les jeunes gens font ici trophée de la

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