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Voyages

un discours physique qui eut tant de force sur l’esprit de Monime, que non-seulement il dissipa ses craintes, mais la mit encore en état de prendre part aux divertissemens que ces divers animaux procurent souvent à ces belles déesses qui se trouvèrent dans l’instant entourées de lions, d’ours, de béliers, de capricornes, de scorpions. Monime prit sur-tout un singulier plaisir lorsqu’elle apperçut le taureau qui bondissoit devant elle, & l’éléphant matériel employer toute son industrie & contourner en cent différentes façons sa trompe flexible pour faire avancer l’écrevisse & l’empêcher d’aller à reculon. Nous découvrîmes enfin que tous les animaux de ce monde sont apprivoisés, se font entendre, & répondent avec précision aux questions qu’on leur fait.

Nous suivîmes les muses qui se levèrent pour continuer leur promenade. Ces déesses gagnèrent un large sentier qui alloit en serpentant, & qui me parut rempli de pierres brillantes. Je pris d’abord ces pierres pour des diamans ; j’en ramassai de toutes les couleurs, qui toutes jetoient beaucoup d’éclat. Vous aimez les saillies, à ce que je vois, dit une des muses ; il ne tient qu’à vous de vous en munir de toutes les espèces ; c’est dans ce sentier tortueux où elles croissent en abondance : il conduit à la fontaine d’Hypocrêne.

Lorsque nous fûmes arrivés à cette fontaine, je