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de milord Céton.

malheureuse en vous livrant trop à ses desirs. Les jeunes gens sont la plupart dissipés, ils donnent dans toutes sortes d’excès & de dépenses superflues ; le jeu, la chasse, les plaisirs, les femmes & la bonne chère sont ordinairement toutes leurs occupations, ce qui souvent les conduit à leur ruine. J’en conviens, reprit Cilindre ; je me flatte néanmoins que celui dont j’ai fait choix n’est nullement entiché de ces défauts ; je le connois depuis long-tems, & suis très-persuadé que vous ne pourrez vous dispenser de m’approuver lorsque vous saurez que c’est Amilcar à qui je donne la préférence. A mon fils ! s’écria Ardillan en changeant de couleur. Oui, dit Cilindre, qu’y a-t-il donc là de surprenant ? Trouvez-vous qu’ils soient mal assortis ? Croyez-moi, mon cher Seigneur, faites de bonne grace ce sacrifice ; car quoique vous soyez son aîné, il faut cependant lui céder le pas sur cet article ; laissons, vous & moi, à nos enfans le soin de faire briller le flambeau de l’hymen, ce n’est qu’à la jeunesse qu’il convient de l’allumer. Ardillan ne parut pas d’abord goûter ce précepte ; mais on assure qu’il vient de consentir au bonheur de ces deux amans, & qu’il ne s’est rendu dans son château que pour en ordonner les fêtes.