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cinde s’étoit d’elle-même retirée parmi les vierges, jusqu’à l’entière conclusion de son procès. Ardillan voulant hâter cette conclusion, employa tout son pouvoir, & parvint enfin à faire rendre un arrêt en faveur de Cilindre, qui lui adjugea une succession considérable. Cette succession rendit ce gentilhomme un des plus puissans Seigneurs de la province, & par conséquent sa fille un des plus riches partis qu’il y eût, ce qui la fit rechercher de plusieurs personnes de grande considération : mais, religieux à garder sa parole, il attendit qu’Ardillan vînt aussi se mettre sur les rangs ; alors sa fortune & les titres qu’il venoit d’acquérir le mettant de niveau, il lui dit qu’il recevroit à honneur la proposition qu’il lui faisoit s’il n’avoit donné sa parole à un jeune Seigneur auquel il jugeoit que sa fille avoit depuis long-tems accordé toute sa tendresse ; qu’il étoit trop bon père pour s’opposer à une inclination qui n’avoit rien que de louable : le caractère, l’âge, la naissance, & les biens s’y trouvent assortis ; qu’en outre il avoit des obligations essentielles à ce jeune homme & à toute sa famille, qu’il ne pouvoit autrement reconnoître que par son union avec sa fille.

Ardillan, qui croyoit ne trouver aucun obstacle à son bonheur, fut extrêmement surpris : prenez garde, dit-il, de rendre par ce choix votre fille

malheureuse