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de milord Céton.

jalousie qu’il avoit conçue contre son fils, des ruses que ce dernier avoit employées pour lui dérober la connoissance de l’aventure du bois, en la faisant tomber seulement sur Amilcar, & de la contrainte où il étoit de renfermer en lui-même l’amitié qu’il avoit pour elle. Ce bon gentilhomme ne put s’empêcher de sourire de la folie d’Ardillan qui, quoique certain de l’amour de son fils, avoit encore assez d’amour propre pour oser se flatter de pouvoir obtenir la préférence auprès d’une fille de seize ans : je veux, leur dit-il, mes chers enfans, pour le punir de sa vanité & de son fol orgueil, être de concert avec vous ; & afin d’éviter les ruses qu’il pourroit employer pour m’enlever ma brebis, je vais dès ce jour la renfermer dans le temple d’Hélene, & je vous jure de nouveau, mon cher Amilcar, qu’elle n’en sortira jamais que pour vous donner la main.

Nos jeunes amans qui ne s’attendoient pas à cette décision, en furent un peu déconcertés ; mais loin d’oser montrer leur douleur, ils furent encore contraints de remercier Cilindre d’une attention qui les alloit priver pour long-tems de la douceur de se voir & de s’entretenir.

Après que ce gentilhomme se fut ainsi assuré de la conduite de sa fille, il retourna à la ville, & rendit compte à Ardillan du succès de son voyage, c’est-à-dire, qu’il lui fit croire que Lu-