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de milord Céton.

cent fois un amour & une fidélité à toute épreuve.

Lucinde guérie de sa frayeur & rétablie des contusions qu’elle avoit reçues, quoiqu’il lui en restât encore plusieurs marques sur le corps, & qu’elle eût même le visage fort bouffi & rempli de sang extravasé ; cette belle fille, par je ne sais quel pressentiment, voulut absolument retourner chez elle, & quelque chose que pussent lui dire Amilcar & ses confidens, ils furent contraints de céder à son empressement ; elle arriva donc au château de son père au même instant qu’il venoit d’y entrer : comme elle étoit accompagnée d’Amilcar & de la femme du chirurgien, Cilindre qui étoit peut-être l’homme du monde le plus fin & le plus prudent, lui demanda avec beaucoup de douceur ce qui l’avoit obligée de s’éloigner de chez lui pendant son absence. Lucinde ne fut point la dupe de cette feinte douceur : c’est pourquoi, dans la crainte de l’irriter davantage, elle commença par lui faire examiner les meurtrissures dont elle étoit encore couverte, lui détailla ensuite le malheur qui lui étoit arrivé, & finit par s’étendre beaucoup sur les nouvelles obligations qu’elle devoit à Amilcar, l’assurant que sans le secours qu’elle avoit reçu de ce jeune Seigneur, elle n’auroit jamais eu le bonheur de le revoir.

Cilindre satisfait du récit de sa fille, ne put s’empêcher de frémir du danger qu’elle avoit