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Voyages

l’épée que je porte, que si quelqu’un étoit assez mal-honnête homme pour attenter à l’honneur de ma fille, je m’en vengerois de façon à l’en faire repentir ; ainsi, pour éviter ces maux, je puis vous assurer, Seigneur, que mon dessein ne fut jamais de l’y exposer.

À ce discours Ardillan ne put s’empêcher de montrer sa surprise, & après avoir loué la fermeté de Cilindre, il lui apprit la réponse qu’on lui avoit faite lorsqu’il s’étoit présenté pour le visiter. Ce gentilhomme ne pouvoit se persuader la fuite de sa fille, dans laquelle il n’avoit rien remarqué qui pût dénoter un esprit d’intrigue ; néanmoins pour s’assurer de sa conduite, il se détermina à partir sur le champ afin de s’éclaircir de ce mystère. Ardillan, charmé de sa résolution, le força de prendre sa chaise de poste avec plusieurs domestiques qui eurent ordre de l’accompagner.

Cependant nous avions laissé Lucinde chez le chirurgien, dont la femme qui ne pouvoit plus ignorer la passion qu’Amilcar avoit pour cette jeune personne, s’empressoit de témoigner à l’un & à l’aune le zèle & l’attachement qu’elle avoit pour leur service ; elle prit donc autant de soin de Lucinde que si déjà elle eût été maîtresse du château, & procura à Amilcar toutes les facilités de lui parler en particulier. Ces deux jeunes amans, toujours plus charmés l’un de l’autre, se jurèrent