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Voyages

& la vieille domestique, entendant un bruit de chevaux & d’équipages, accourut. Ardillan demanda à voir son maître & sa maîtresse, cette bonne vieille, trompée par les discours du concierge l’assura qu’ils étoient partis depuis huit jours pour se rendre ville. Ardillan, quoique fâché de ce contre-tems, n’eut pas de peine à s’en consoler, dans l’espoir de les voir bientôt.

Ce Seigneur ayant appris que Cilindre avoit un procès qui duroit depuis long-tems, au sujet d’une succession très-considérable dont on lui disputoit la possession, fut donc charmé de cette circonstance ; se proposant de se servir de ce moyen pour donner à Lucinde des témoignages de son amour, en employant sa protection auprès de ses juges, afin de lui faire obtenir une décision favorable. Il poursuivit sa route avec la plus grande diligence. Arrivé dans son hôtel, son premier soin fut de se faire informer de la demeure de Cilindre : on fut long-tems à la découvrir ; mais un domestique l’ayant rencontré l’acosta pour l’instruire de la visite que son maître lui avoir rendue & du plaisir qu’il auroit à le voir.

Cilindre, l’idée remplie de son procès, fut charmé de la politesse d’Ardillan, & comme il n’ignoroit pas qu’il avoit beaucoup de crédit, il ne manqua pas de se rendre le lendemain au lever