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de Milord Céton.

de son fils, se reprocha sa dureté, & ordonna qu’on fût dans le bois pour voir si ces misérables ne donneroient point des signes de vie, afin de tirer quelqu’éclaircissement qui pût faire découvrir leurs complices, monta ensuite à l’appartement de son fils, à qui le chirurgien, au moyen de certaine drogue, avoit rendu tout le corps comme s’il eût été couvert de contusions ; ce qui fit qu’Ardillan, malgré sa finesse, ne put éviter de donner dans le panneau : mais ce qui inquiéta furieusement notre prétendu malade, c’est qu’il prit la résolution de demeurer auprès de lui jusqu’à ce qu’il fût entièrement rétabli. Le chirurgien le tira de peine en assurant Ardillan que l’accident de monsieur son fils n’auroit point de suites fâcheuses, sinon de le tenir au lit pendant très-long-tems.

On vint l’après-midi rapporter à Ardillan que les deux hommes étoient morts, & qu’ils avoient été reconnus pour être les deux mêmes gardes qui avoient maltraité Cilindre, ce qui le mit dans une furieuse colère : mais comme le mal étoit sans remède, & qu’ils avoient reçu la juste punition de leurs crimes, il ordonna qu’on fît d’exactes perquisitions dans tout le canton.

Au bout de quelques jours, Ardillan, qui ne pouvoit plus long-tems s’absenter de la Cour, fut obligé de partir, & ne voulant pas s’éloigner sans voir Lucinde, il fit donc arrêter à sa porte,