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de milord Céton.

parurent toutes différentes de celles que la nature produit dans les autres mondes ; je ne pouvois en deviner l’espèce, lorsque Polymnie, souriant de mon ignorance, me tira d’inquiétude : ces fleurs que vous admirez avec tant d’attention, dont vous ne connoissez ni la forme, ni la figure, sont des fleurs de rhétorique & de métaphysique ; c’est de cette colline d’où les tirent les savans de tous les mondes. Ce côteau que vous voyez plus loin s’élever jusqu’au haut de la montagne du Parnasse, est l’endroit où croissent les métaphores, les fictions & les hyperboles que les poëtes emploient si souvent dans leurs ouvrages.

Pendant ce discours, Monime badinoit avec les graces qui semblaient lui être devenues plus familières. Cette charmante personne se trouvant couverte d’une prodigieuse quantité de ces fleurs, vouloit à son tour leur en jeter, lorsqu’elle vit s’approcher un très-grand nombre d’animaux, qui dans les autres mondes n’habitent que les bois, les déserts, ou se retirent ordinairement dans des tanières. Monime, à l’aspect de ces animaux dont la plupart lui étoient inconnus, se trouvant saisie de crainte & de frayeur, je la vis pâlir & chercher à se cacher à l’ombre de quelques buisssns ; mais Polymnie, toujours attentive et officieuse, s’appercevant de son trouble, loin de se prêter à sa foiblesse, l’arrêta, & employa, pour la rassurer,