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de milord Céton.

en étions quittes pour les accuser de rébellion, & l’on nous croyoit toujours sur notre parole ; il est vrai que ceux qui nous donnoient quelques pièces d’argent, pouvoient chasser en assurance ; nous leur indiquions même les endroits qui étoient les plus abondans en gibier : voilà les raisons qui nous ont fait prendre le dessein de nous venger sur Lucinde, & depuis qu’elle est sortie nous avons épié l’instant où elle seroit seule ; ayant appris que son père étoit parti depuis quelques jours pour un voyage assez long, nous l’avons enlevée cette nuit-même, dans le dessein de la mettre dans une caverne pour la faire servir à nos plaisirs : mais les cris de cette fille nous ont obligés de la maltraiter ; et je me préparois à lui enfoncer un poignard dans le cœur lorsque vous avez paru. Cet homme, affoibli par le sang qu’il avoit perdu, expira en disant ces dernières paroles, sans montrer aucun repentir de ses crimes.

Amilcar & Florian frémissant d’horreur des dangers auxquels Lucinde venoit d’échapper, il sembloit à l’un & l’autre qu’elle leur en fût devenue plus chère : c’est pourquoi ils se hâtèrent de la conduire chez le chirurgien, dont la femme qui la déshabilla pour la mettre au lit, assura que son corps étoit tout meurtri ; & le chirurgien, après l’avoir visitée avec soin, regarda comme un miracle qu’une personne aussi délicate, eût pu résister à