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Voyages

demandoient un prompt secours ; c’est pourquoi il leur conseilloit, s’ils avoient assez de force pour gagner la maison de Lucinde ou la mienne, de s’y acheminer au plus tôt. Amilcar fut d’avis de retourner sur leurs pas, & de déposer sa maîtresse dans le château de son père chez le même chirurgien qui avoit pris soin de Cilindre, afin qu’elle fût à portée d’être traitée avec plus d’attention.

Cette résolution qui parut d’abord folle, fut néanmoins exécutée. Lucinde appercevant les corps de ces misérables, ne voulut point partir qu’on ne les eût visités : c’est pourquoi Amilcar s’en approcha, & trouvant que l’un des d’eux respiroit encore, il pria Florian de l’aider à le porter contre un arbre, & en l’examinant, sa surprise fut extrême de reconnoître en lui un des gardes de chasse de son père, celui même qui avoit si fort maltraité Cilindre. Ah ! malheureux, dit Amilcar, tu en voulois donc aussi à ma vie ? Mais, dis-moi, monstre, que t’avoit fait cette jeune personne pour attenter à la sienne ? Seigneur, lui dit cet intrépide coquin, d’une voix presque mourante, ne m’a-t-elle pas fait un assez grand tort, puisqu’elle est la cause que mon camarade & moi ont été obligés de prendre la fuite & de perdre un poste qui nous faisoit vivre gracieusement ; car il faut que vous sachiez que son père n’est pas le premier que nous ayons ainsi maltraité, mais nous