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Voyages

de nos deux cavaliers, & leur présentant chacun un pistolet ; Amilcar & Florian, qui heureusement s’étoient munis des leurs, les lâchèrent sur ces deux voleurs, qu’ils renversèrent étendus par terre, & faisant passer leurs chevaux sur eux, ils en descendirent ensuite pour voir s’il étoit encore tems de donner quelques secours à cette femme qu’ils trouvèrent presque nue, sans aucun mouvement, & le visage couvert de sang. Après l’avoir un peu tourmentée, Amilcar, qui se sentoit dans une agitation extraordinaire, passa sa main à l’endroit du cœur, & y sentant un foible battement : elle n’est pas morte, dit-il, d’une voix que le saisissement où il étoit rendoit tremblante. Florian s’en approcha, & tous deux la portèrent à l’endroit où la lune donnoit plus de clarté ; alors Amilcar & mon frère, munis de flacons remplis de différentes eaux, tâchèrent de lui en faire avaler quelques gouttes ; & les ayant entièrement vidés sur son visage & sur sa gorge, Amilcar qui lui avoit soulevé la tête, la regardant avec plus d’attention, fit un cri perçant en la laissant retomber & tombant lui-même à ses pieds. Cette rude secousse rappela ses esprits ; elle soupira, ouvrit les yeux, & revenant comme d’un profond sommeil, ses regards parcourent d’abord tout ce qui l’environnoit. Elle voulut ensuite essayer de se relever ; mais n’ayant pas la force : hélas ! dit-elle, d’une