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de milord Céton.

trouvant beaucoup mieux chez Ardillan qu’il ne seroit chez lui ; mais Lucinde qui craignoit que le retour d’Ardillan ne l’exposât encore à entendre ses mauvais propos, ou peut-être à quelque chose de plus offensant, dit à son père que depuis qu’elle étoit dans ce château, elle n’avoit goûté aucun repos, & qu’il falloit que l’air lui fût absolument contraire : ce fut ce qui détermina Cilindre à partir.

Amilcar désespéré de ne pouvoir apprendre des nouvelles de Lucinde, n’osant se confier à aucun de ses domestiques qu’il savoit être tous dévoués à son père, engagea mon frère, qui étoit devenu son confident, de le mettre d’une partie de chasse qui se devoit faire avec plusieurs seigneurs, afin de pouvoir profiter de cette occasion pour aller voir Lucinde, sans donner aucun soupçon sur sa conduite. Cette partie fut arrêtée pour le lendemain. Ardillan, charmé d’être débarrassé de son fils, saisit cette occasion pour se rendre auprès de Lucinde ; il partit en poste & arriva dans son château à l’entrée de la nuit ; mais quel fut son chagrin lorsqu’on lui apprit que Cilindre en étoit parti avec sa fille quelques jours après son départ ! On lui remit une lettre qui ne renfermoit que des témoignages de reconnoissance des bons traitemens qu’ils avoient reçus chez lui. Ardillan, désespéré de ce contretems, s’emporte contre ses domestiques,