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de milord Céton.

trop habile pour qu’il n’ait pas apporté tous les remèdes qui peuvent contribuer à votre santé ; & si le mal est incurable, je ne suis pas assez bon médecin pour entreprendre une pareille cure. Quand on a de la confiance au médecin, dit Ardillan, ses remèdes font beaucoup plus d’effet que ceux de tout autre, & comme c’est en vous seule que je mets la mienne, c’est aussi de vous seule que j’attends la santé. Votre beauté, ma charmante, a fait une vive impression sur mon cœur ; si la fortune eût été aussi prodigue envers vous que la nature, vous n’auriez pas besoin de mes bienfaits. Si vous voulez répondre à mon amour, je puis réparer ces injustices en vous faisant un sort ; consentez donc, ma belle enfant, à me rendre heureux.

Lucinde, outrée de dépit de se voir forcée d’entendre des propos aussi injurieux, prit néanmoins le parti de feindre de n’y rien comprendre : c’est pourquoi elle lui demanda d’un air naïf ce qu’il falloit faire pour contribuer à son bonheur. M’aimer, mon bel ange, dit Ardillan. Vous aimer ! seigneur ; mais rien n’est si facile, & sur ce point je ne crois pas que vous ayez à vous plaindre de personne ; je vous proteste qu’en mon particulier, j’ai pour vous tout le respect & la reconnoissance que méritent vos bontés ; je suis caution de celle de mon père, & puis vous assurer que ce sont des sentimens que nous conserverons l’un & l’autre