sieurs ruiseaux qui présentent mille nouvelles beautés. C’est dans ces lieux charmans que la rose croît sans épines. Là sont de sombres grottes qui invitent par leur fraîcheur à profiter de leur ombre pour se dérober aux ardeurs du soleil.
Ces retraites sont tapissées de lierres & de vignes qui s’empressent de livrer leurs grappes de pourpre, avec une agréable fécondité ; & ces richesses sont répandues en tout tems avec une égale profusion dans les campagnes qu’Apollon échauffe bénignement de ses divins rayons : d’un autre côté, on voit les ruisseaux qui tombent en murmurant doucement le long des collines, & se jettent en divers canaux qui se rassemblent ensuite dans un grand bassin, dont la surface présente son miroir de cristal à la verdure de ses rivages. Là l’humble arbrisseau & le buisson champêtre s’embrassent l’un l’autre ; plus loin on voit le cèdre majestueux s’élever pompeusement, & porter sur ses branches des oiseaux de toute espèce qui y forment des concerts mélodieux, & les zéphirs ne paroissent entre les feuilles que pour les agiter légèrement.
Ce fut dans cet endroit délicieux que les muses, & les graces, qui toujours les accompagnent, se reposèrent. Ces belles déesses, qui souvent aiment à badiner, se mirent à cueillir des fleurs qu’elles se jetoient les unes aux autres ; mais ces fleurs me