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de milord Céton.

loir le renfermer en vous-même, & d’être persuadé que, quoique je ne sois que la fille d’un simple gentilhomme, vous & monsieur votre père entreprendrez inutilement de me séduire par de vains discours qui ne peuvent jamais faire aucune impression sur mon ame.

Cessez, belle Lucinde, dit Amilcar, de m’accuser d’une perfidie dont je suis incapable, & soyez certaine que mes intentions sont aussi pures qu’il est vrai que vous êtes la personne du monde la plus accomplie ; je n’ai point d’autre dessein que celui de m’unir à vous par des liens indissolubles, dès que je serai le maître de disposer de mon sort ; consentez seulement, en acceptant mes soins, à attendre le tems où je pourrai vous donner des preuves de la sincérité de mes sentimens, & ordonnez-moi la conduite que je dois garder, afin de vous convaincre que rien au monde ne peut être capable de me faire changer.

Lucinde, un peu embarrassée sur la réponse qu’elle devoit faire, garda quelques instans le silence ; elle craignoit, en montrant des doutes, d’offenser Amilcar, déjà son cœur lui parloit en sa faveur ; enfin vaincue par cet air de franchise, vrai caractère de la vérité : si j’osois, lui dit-elle, seigneur, me flatter que mon peu de mérite pût vous attacher, je consentirois volontiers à passer le reste de ma vie dans l’espoir d’un bien si doux, mais ce