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Voyages

il vit son fils parler à Lucinde. Il s’avança au-devant d’elle pour la prier d’entrer dans le sallon ; mais elle s’en défendit sur la nécessité où elle étoit d’accompagner son père, afin d’être à portée de lui donner tous les secours qui dépendroient d’elle.

Ardillan ordonna à son fils de faire compagnie aux dames ; & sous prétexte d’apprendre si les blessures du père de Lucinde étoient dangereuses, il donna la main à cette belle fille pour l’accompagner dans l’appartement qu’on leur avoit destiné. Le chirurgien, après avoir visité le blessé, assura qu’aucun des coups qu’il avoit reçus n’étoit dangereux ; il eut ordre d’Ardillan de rester auprès de lui jusqu’à son entière guérison. Ce seigneur s’approchant ensuite de Lucinde : si la blessure que vous m’avez faite, lui dit-il, d’une voix basse, étoit aussi facile à guérir, je n’aurois pas sujet de me plaindre ; promettez-moi, ma belle enfant, d’apporter autant de soin à me soulager, que je vous jure d’en employer pour la guérison de monsieur votre père. J’ignore, dit Lucinde, quels peuvent être les maux que j’ai pu causer à votre grandeur, mais je sais bien que la reconnoissance m’engage à employer tout ce qui est en mon pouvoir pour m’acquitter, si je puis, des obligations que je vous ai. Souvenez-vous, reprit Ardillan de la promesse que vous me faites, & croyez que dans peu, je vous mettrai à même de m’en donner des marques. Ce seigneur