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de milord Céton.

je vous donne ma parole que si votre père n’est coupable d’aucun délit, je ferai faire une punition exemplaire des misérables qui ont commis cette injustice. Je vous proteste, seigneur, dit Lucinde, que mon père passoit tranquillement son chemin lorsque ces misérables l’ont attaqué.

Plusieurs gardes parurent ; mais les auteurs du crime, avertis des plaintes qu’on faisoit contre eux, avoient pris la suite. Dans cet intervalle quelques domestiques vinrent annoncer que le père de Lucinde venoit de donner quelques signes de vie. Ardillan commanda aussi-tôt qu’il fût apporté dans son château. Lucinde, à cette nouvelle, rappela toutes ses forces pour courir avec le chirurgien qui avoit ordre de le secourir promptement. Amilcar, fils d’Ardillan, arriva dans l’instant qu’on apportoit le père de Lucinde. Cette belle fille tenoit une de ses mains qu’elle baignoit de ses larmes : mais, malgré le changement dont le désespoir avoit frappé ses traits, malgré le désordre d’une parure dont la simplicité n’annonçoit pas l’opulence, Amilcar fut néanmoins surpris de sa beauté ; touché de sa douleur, il s’approcha d’elle, & lui offrit son secours contre ceux qui étoient les auteurs de ses maux. Lucinde, quoiqu’élevée dans la retraite, lui répondit avec beaucoup de politesse. Mon frère, qui ne l’avoit point quittée, s’apperçut, lorsqu’ils entrèrent dans la cour, qu’Ardillan changea de couleur quand