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de milord Céton.

parler de leurs meutes, faire valoir les talens de leurs chiens qu’ils vont visiter & connoissent tous par leurs noms : la perte d’un de ces animaux leur est souvent plus sensible que celle d’une maîtresse.

Il est assez commun de voir vingt ou trente domestiques dans une seule maison, qui sont autant de fainéans qui, loin de remplir leur service, se font eux-mêmes servir avec plus de hauteur & d’exactitude que leur maître. Mais rien n’égale leur tendre attachement pour leurs chevaux ; on diroit qu’un des attributs de leur grandeur soit attaché au nombre qu’ils en ont & au prix qu’ils les achètent. Ils poussent leur attention si loin pour ces sortes d’animaux, que j’ai vu plus d’un seigneur aller dans des voitures publiques afin de ne les point fatiguer ; souvent ils meurent de trop de graisse ; souvent aussi, par un contraste que je ne puis concevoir, malgré tous leurs soins, lorsqu’ils font tant que de s’en servir, ils les font aller à toute bride. Un seigneur du bon ton doit toujours être empressé & crever chevaux & coureur, s’il le faut, pour arriver un quart d’heure plutôt où souvent il n’a que faire.

La plupart des nobles prouvent l’ancienneté de leur famille par un droit de chasse qu’aucun seigneur ne peut leur disputer. On produit encore ses terriers, on cite ses fiefs, on détaille ses mouvances, on montre l’étendue de ses seigneuries, enfin je ne