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de milord Céton.

pour l’avenir qu’on le pilloit à toutes mains. Que veux-tu que j’y fasse, dit le maître ? fais comme les autres & laisse-moi en repos.

Ce domestique me regarda d’un air attendri, avec un signe qui sembloit m’inviter à dessiller les yeux de son maître. Je dis donc au seigneur Periandre qu’il devoit faire plus d’attention au zèle d’un homme qui étoit peut-être le seul qui lui fût véritablement attaché, que ses avis méritoient d’être approfondis, que je pensois qu’on pouvoit sans se dégrader, distribuer son tems de façon que, sans manquer aux devoirs de son état & même sans rien dérober à ses plaisirs, on pouvoit donner quelques heures dans la journée au soin de ses affaires. Ne pourriez-vous pas, ajoutai-je, examiner les comptes de votre maison ? Cela tiendroit vos gens en respect, & les empêcheroit de se liguer entr’eux pour travailler de concert à votre ruine.

C’est-à-dire, reprit Periandre ton qui ressembloit beaucoup à l’impertinence, que, suivant votre noble façon de penser, il faudroit se réduire à la condition du plus petit bourgeois ; j’avoue que de pareilles idées ne sont jamais entrées dans la tête d’un homme de mon espèce, & qu’il seroit du dernier absurde de s’avilir à des soins aussi puériles. Je ne m’amusai point à répondre aux sots discours de Périandre, ni à combattre son erreur & sa vanité mal étendue ; & comme il me fit l’honneur de