Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
de milord Céton.

apprendre comme des perroquets quelques principes de littérature, qui ne servent qu’à en faire des raisonneurs abstraits sur des matières triviales & puériles, & leurs plus beaux jours se passent à étudier un jargon qui ne sert qu’à les rendre vains & présomptueux ; ils entrent dans le monde infatués de leur personne ; ils décident de tout, croient tout savoir, quoiqu’ils n’aient rien appris : on ne leur a parlé que de la noblesse de leur naissance, des grandeurs du monde, des dignités auxquelles ils peuvent aspirer ; on a commencé par leur inspirer le goût des richesses, mais on ne leur parle ni de droiture, ni de désintéressement, ni de bonne-foi, ni de fidélité à garder leur parole ; sans doute qu’on suppose ces sentimens nés avec eux, & on se trompe.

On néglige d’apprendre à ces nouveaux nobles le soin de borner leurs desirs ; on ne leur inspire qu’une ambition démesurée, au lieu de s’attacher à en faire un honnête homme, un homme de bien, de lui donner de bonnes mœurs, en lui faisant valoir les actions généreuses, afin qu’il prenne goût à les imiter, en lui donnant de l’horreur pour le vice ; on ne travaille qu’à en faire un homme du monde, c’est-à-dire, un vrai perroquet qui ne repète que ce qu’il a entendu dire ; ainsi, loin de leur inspirer ces vrais principes par lesquels on parvient à la vérité, je veux dire ce