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Voyages

fût simplement touchée de sa bonne mine, elle consentit enfin d’unir sa fortune à la sienne ; & nous fûmes témoins de leur mariage qui se fit avec pompe & de la dernière magnificence.

Les Joviniens connoissent, comme les habitans de notre monde, plusieurs sortes d’armoiries & d’écussons qui servent à distinguer les grandes maisons, & on ne sauroit mieux prouver parmi eux qu’on est de la même souche, qu’en faisant voir qu’on a toujours constamment porté les mêmes armes. Les hommes les plus nouvellement ennoblis se font gloire d’en orner leurs équipages, tandis que l’ancienne noblesse y renonce. Autrefois on ne voyoit aucune voiture où les armes du maitre ne fussent empreintes sur les quatre faces ; cet usage est entièrement aboli, on y a substitué des fleurs qui ne désignent rien : des génies, des divinités fabuleuses, ou de jolis paysages ont pris leur place. On nous assura qu’ils avoient trouvé l’ancienne méthode trop gênante, & qu’il étoit du premier ridicule de ne pouvoir paroître en public sans annoncer sa qualité ; on présume que leurs plaisirs demandent l’incognito, c’est sans doute ce qui leur a fait choisir ce moyen de le garder ; & ce qui confirme encore cette conjecture, c’est que plusieurs ont changé leurs livrées, par la seule raison qu’elle étoit trop connue. Il n’est pas rare non plus de voir que ceux qui sont décorés de