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de milord Céton.

maître qui, étant un dissipateur, mourut chargé de dettes ; le fermier au contraire, qui pendant sa régie avoit économisé, se trouva créancier de sommes considérables, dont il pressoit le paiement, en menaçant de faire des frais, à moins qu’on ne consentît à lui céder la terré pour une somme assez modique qu’il offroit de payer comptant ; les héritiers acceptèrent sa proposition, pour éviter la saisie-réelle qui auroit emporté le reste ; ainsi chacun trouvant son compte à ce marché, le fermier se rendit propriétaire de cette terre, & son fils prit bientôt le titre pompeux de Marquis de… & ses petits-fils étant parvenus aux charges de l’état, les plus grands Seigneurs se tiennent honorés de leur appartenir.

Ces sortes d’usurpations sur la noblesse y sont très-faciles à la faveur d’une possession peu connue, mais fort recherchée ; on a recours aux faiseurs de généalogies, qui passent leur vie au milieu de la poussière & des parchemins, à déchiffrer de vieux titres à qui ils font dire tout ce qu’ils jugent à propos, sans que personne s’avise de les contredire ; on n’a qu’à les bien payer, ils vous feront descendre de la race que vous choisirez : en voici un exemple dont nous avons été les témoins oculaires.

Monime avoit fait connoissance d’une jeune demoiselle très-jolie & remplie d’un mérite distin-