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de milord Céton.

Invités un jour à dîner chez un seigneur, nous nous fîmes conduire, en sortant de chez lui, Monime & moi, au spectacle le plus fréquenté, où l’on représente à grands frais non seulement toutes les merveilles de la nature, mais beaucoup d’autres prodiges encore plus grands, que personne ne peut jamais voir que sur ce théâtre, où l’on voit pêle mêle des dieux, des lutins, des monstres, des rois, des bergers, des fées, des enchanteurs, des furies, des feux, des batailles & un bal : cet assemblage si magnifique est représenté dans une grande salle dont les deux côtés sont garnis de coulisses assez semblables à nos feuilles de paravents, où sont grossièrement peints les objets que la scène doit représenter. C’est-là où toutes les personnes de condition se rassemblent, parce qu’il est du bel air pour un homme d’un certain ton de n’en pas manquer un seul.

Après avoir parcouru des yeux tout ce qui m’environnoit, je les fixai par hasard sur un jeune homme, d’une assez belle physionomie ; mon attention à l’examiner le fit rougir ; je cherchois à me rappeler ses traits & l’endroit où je pouvois l’avoir vu ; pour m’en assurer je me déterminai à lui parler : votre visage ne m’est pas inconnu, lui dis-je, n’est-ce pas chez M. le Vicomte de la Chimeradiere ? N’y étiez-vous pas à dîner ?