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de milord Céton.

finit ses remarques par vouloir me persuader qu’il falloit que les Joviniens eussent trouvé le secret de franchir les espaces immenses qui les séparent du monde de Mercure, & que ces deux peuples fussent en commerce ensemble. Je n’étois pas éloigné de ce sentiment, mais Zachiel nous détrompa.

Vous ne devez pas douter, dit le génie, que je ne connoisse parfaitement le caractère des uns & des autres ; soyez certaine, belle Monime, qu’il n’en est point de plus opposé : la finance qui règne dans Mercure ne conçoit rien de plus frivole que la noblesse, & la noblesse qui est toute à Jupiter, n’a que du mépris pour la finance ; cependant les personnes sensées comparent la haute naissance à une pyramide élevée au milieu d’un vaste champ, où chacun peut à son gré en examiner la perfection ou les défauts. Un grand, par son élévation, semblable à cette pyramide, paroît à découvert ; on l’apprécie, on pénetre ses desseins, on en devine les secrets motifs, & le public, juge impartial, prononce impunément son arrêt ; le masque de la vertu ne le trompe qu’un tems, il lit au fond des cœurs ; dignités, richesses, honneurs, rien ne le met à couvert de la censure ; informé de tous ses écarts, on les publie, & son éclat ne sert souvent qu’à le décrier ; mais cela n’empêche pas qu’ici, comme ailleurs, le riche finan-