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de milord Céton.

de terre qui nous parut d’abord tout-à-fait semblable a celle de Mercure, & nous crûmes long-tems, Monime & moi, que le genie s’étoit trompé de chemin, & qu’au lieu de nous conduire à Jupiter, il nous avoit fait rentrer dans Mercure par une route différente. La ressemblance qui se trouve entre ces deux planètes est si grande, qu’il n’est guère possible de ne s’y pas méprendre ; & ce ne fut qu’après bien du tems & bien des observations que nous parvînmes à entrevoir quelques traits de différence. Dans les campagnes la misère y est la même, & les malheureux qui les habitent y ont également l’air de gens à qui l’on envie jusqu’au chaume qui couvre leur cabane & l’air qu’ils respirent.

En approchant d’une des villes capitales, nous remarquâmes que les terres, quoique grasses & fertiles, y sont pareillement destinées aux seuls plaisirs des yeux, c’est-à-dire, qu’au lieu qu’elles soient préparées pour d’utiles récoltes, elles ne présentent de toutes parts que des ornemens superflus, des parterres émaillés des plus belles fleurs, des allées dont les arbres sont taillés en mille formes différentes, des parcs d’un contour immense, des cascades, des napes d’eau, des tapis de gazons ornés de statues d’un travail exquis, des bosquets & des labyrinthes admirablement bien dessinés ; enfin on diroit que la terre qui doit être par-tout