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Voyages

digieuse ! quantité d’Espérances qui se perdent dans tous les mondes possibles, & viennent se jetter à grands flots dans cette mer comme étant leur source : souvent elle est agitée par des vents orageux qui forment de grandes tempêtes ; c’est ce qui rend ses eaux tantôt claires & brillantes, & quelquefois troubles & bourbeuses : mais lorsqu’elle est calme & tranquille, on voit que ce qu’elle roule dans son sein sont toujours d’immenses richesses ; elle engendre un grand nombre d’animaux d’espèces singulières. On voit sur ses rives quantité de simples qui vous attirent par leurs parfums, & dont les feuilles ressemblent à la sensitive ; le myrrhe & le laurier y forment des allées délicieuses.

En côtoyant ces bords, nous rencontrâmes un jeune marin qui paroissoit dans la plus grande désolation de la perte d’un navire qu’il n’avoit pu sauver Je la fureur de l’onde. Ce jeune homme donnoit les plus tendres regrets à la perte des braves officiers qui servoient sous son commandement. Zachiel voulant profiter de l’ignorance de ce jeune commandant pour nous donner quelques leçons sur la marine : si ce jeune homme, nous dit-il, eût été instruit des premiers élémens qui doivent former un marin, il n’auroit pas exposé son vaisseau à une perte inévitable.

Le principal objet qui doit fixer l’attention d’un homme de mer, est d’examiner ses navires, de