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de Milord Céton.

tion se communique à ce fleuve, ses eaux naturellement froides prennent alors un degré de chaleur tempéré qui change son sable en diamans d’un prix inestimable ; il croît parmi la vase de son lit des plantes d’ellébore, dont les racines nettoyent & purifient ses eaux. Ce fleuve se distribue, ainsi que les deux autres, en une infinité de petits canaux qui grossissent en s’éloignant & vont se confondre pour former un grand lac.

Le génie nous conduisit ensuite dans une route bordée d’allées larges & superbes ; nous marchâmes long-tems sur une poudre d’or, & arrivâmes enfin à un des ports d’un grand Océan, que le génie nous dit être la mer d’Espérance ; c'est sur cette mer que nous devions nous embarquer : vous voyez, dit Zachiel, que la nature n’a rien épargné pour fournir aux habitans de ce monde toutes les ressources qui leur sont nécessaires pour les rendre parfaitement heureux, puisqu’elle leur a encore accordé l’espérance, qui est un trésor qu’on peut posséder au sein même de l’indigence. L’espérance adoucit les maux ; elle sert & ranimer le cœur, à soutenir les desirs & à consoler dans toutes les disgraces de la vie. Monime voulut goûter de ces eaux qui lui parurent aussi douces que du lait & d’un goût fort agréable.

Cette mer renferme des richesses immenses ; son flux & reflux n’est occasionné que par une pro-