Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
Voyages

salamandres ; les aigles viennent souvent aussi s’y promener ; on y voir des syrennes & plusieurs autres espèces de créatures qui se plaisent à voltiger sur ces eaux ; ces rives sont bordées par une magnifique futaie de cèdres & de palmiers, dont les branches sont chargées de phénix & de rossignols qui y forment un concert délicieux ; nous vîmes aussi beaucoup d’arbres fruitiers ; Zachiel en fit remarquer à Monime plusieurs sur lesquels avoient été greffés ceux du jardin des Hespérides, où la discorde cueillit la pomme qui mit la division entre les trois déesses, remplit tout l’Olympe de troubles & fit tant de mal aux Troyens.

Ce qu’il y a de plus remarquable dans le cours de ces deux fleuves, c’est que, comme ils coulent à côté l’un de l’autre, il arrive souvent qu’aux endroits où la Mémoire a le plus d’étendue, l’Imagination paroît beaucoup plus étroite ; & lorsque l’Imagination s’étend avec plus de rapidité & de brillant, alors la Mémoire n’est plus qu’un simple petit ruisseau, comme si l’un de ces deux fleuves ne se nourrissoit qu’aux dépens de l’autre.

Un peu plus loin, sur la droite, est le canal du Jugement. Ce canal qui paroît d’une profondeur extrême, présente aux yeux une eau claire, sans être brillante ; ses eaux paroissent couler très-lentement : mais lorsque par des canaux souterrains l’Imagina-