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de Milord Céton.

fleuve, & passent les jours à répéter d’une voix rauque & aiguë tout ce qu’ils ont entendu dire. Du reste, nous ne vîmes sur les bords de ce fleuve que des perroquets, des corbeaux, des geais, des pies, des sansonnets, des linots, des pinçons, & de toutes les autres espèces d’oiseaux, gasouillans ce qu’ils ont appris : ce qui forme un ramage fort importun. L’eau de ce fleuve paroît gluante, elle exhale une vapeur noire, semblable à une épaisse fumée, & roule avec beaucoup de bruit.

Le fleuve de l’Imagimtion coule avec plus de rapidité ; sa liqueur légère & brillante étincelle de toutes parts ; semblable à un torrent d’éclairs, il n’observe en voltigeant aucun ordre certain : mais en fixant attentivement les yeux sur ses ondes toujours agitées, on apperçoit que ce qu’il roule sur son fond est du pur or potable, son écume forme l’huile de talc. Monime eut la curiosité d’en goûter, je suivis son exemple, & nous la trouvâmes d’un goût exquis.

Sur les bords de ce fleuve sont répandues quantité de pierres précieuses qui se trouvent mêlées avec un sable d’or. Nous y remarquâmes, entre autres, plusieurs de ces cailloux qui ont la vertu de rendre légers tous ceux qui les portent ; il y en a d’autres qui en se les appliquant d’un certain côté vous rendent invisibles. Ce fleuve renferme des