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Voyages

n’est qu’une exhalaison impute de la méchanceté, & qui ne jouit de l’impunité qu’à l’ombre du mépris que font tous les savans de ses traits envénimés. Je conviens, dit la muse, qu’un auteur doit rougir de ces éloges bâtards ; un savant ne doit faire cas que de ceux qui partent d’un esprit judicieux ; d’un sage qui pense par lui-même, sans avoir égard à ces critiques microscopiques qui cherchent à grossir les plus petites fautes, en comptant les ci, les cas & les mais, & en citant des erreurs d’impression pour des défauts de grammaire ; mais je n’ignore pas que le bon-sens & la raison sont bannis de bien des mondes, les sages & les philosophes n’osent encore faire paroître librement leurs idées, & je doute qu’avec cette façon de penser, les princes puissent goûter de vrais plaisirs ; prévenus sans cesse par leurs favoris, ils ignorent ce bonheur qui fait le charme de la vie, c’est la certitude d’être aimé pour soi-même, sans que l’ambition ou l’intérêt aient aucune part au zèle qu’on leur fait paroître.

Clio, en continuant de nous interroger, nous demanda si le goût tenoit encore contre la nouveauté des objets ; si les personnes qui emploient le plus mal leur tems sont toujours celles qui en ont le moins de reste ; si l’esprit de présomption & de fatuité étoit encore le partage des petits maîtres ; si les généraux étoient présentement plus avide