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Voyages

leur offrir des sacrifices, on forma des ministres, qui bientôt devinrent des oracles. Sans doute que ces peuples étoient persuadés de trouver de la partialité dans ces divinités établies par des hommes artificieux, fourbes ou ignorans. Ces dieux devoient donc toujours distinguer d’entre la foule ceux dont les goûts se trouvoient conformes à leurs inclinations ; conséquemment ils leur devoient des sentimens de préférence, puisque le culte qu’ils leur rendoient se trouvoit toujours relatif à leurs caractères.

On a vu des victimes humaines expirer sur l’autel de Mars ; des milliers de courtisannes se sont dévouées aux temples de Venus, & quantité de femmes distinguées dans la ville de Babylonne, immolèrent leur pudeur à cette déesse, afin de se procurer & à leurs concitoyens les plus précieuses faveurs de la déesse.

Mais, dit Monime, si dans les autres mondes où l’on adore aussi les fausses divinités, on faisoit en même-tems les mêmes sacrifices à la déesse ou aux autres dieux, il me paroît que ces dieux devroient être fort embarrassés d’allier les différens intérêts des nations, qui ne sont pas moins opposés que leurs mœurs ; car comment accorder les querelles de deux peuples qui demandent tous deux la même chose ? Je crois que cela doit mettre sou-