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Voyages

soit prendre un grand verre, afin d’effacer de votre esprit toutes les pensées profanes qui vous avoient occupé pendant le cours de votre vie ; un instant après, c’est-à-dire, lorsqu’on jugeoit que l’eau pouvoit avoir fait son effet, on vous présentoit dans une coupe d’or, de celle de Mnemosine, qui avoit la vertu de graver dans la mémoire tout ce qu’on devoit voir dans l’antre sacré du héros.

Après ces préparations vous approchiez de la statue de Trophonius, afin d’y faire vos prières ; alors, revêtu d’une tunique de lin, on vous ceignoit le corps de plusieurs bandelettes sacrées auxquelles étoient attachées de grandes vertus, après quoi on vous conduisoit vers l’oracle. Cet oracle étoit sur le haut d’une montagne escarpée dans une enceinte formée de marbre blanc, au milieu de laquelle s’élevoient des obélisques d’airain qui entouroient l’entrée de la caverne sacrée de Trophonius, dont l’ouverture ressembloit à la bouche d’un four ; ou ne pouvoit descendre dans cette caverne que par le moyen d’une échelle ; mais lorsqu’on y étoit descendu, on trouvoit encore une autre caverne dont l’entrée étoit si étroite qu’on ne pouvoit y passer qu’en se couchant sur la terre la face en l’air ; dans cette posture un vénérable vieillard vous mettoit dans chaque main des boules composées de certains simples qui avoient la vertu d’éloigner les