Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
de milord Céton.

Clio, savante dans l’histoire, parce qu’elle est journellement instruite de ce qui se passe dans tous les mondes possibles, nous demanda ce que nous avions vu de plus curieux dans ceux que nous venions de visiter : j’ai des nouvelles certaines, ajouta cette déesse, que dans plusieurs tourbillons les usages n’ont point changé, qu’on y rencontre toujours de ces prétendus savans, sans érudition, de ces périodiques qui conservent le sublime talent de mutiler toutes productions, & de les disséquer pour en rendre les lambeaux qu’ils rapportent, ridicules. Tous ces critiques qu’on voit fondre sur le mérite naissant, afin de tâcher de l’étouffer, ressemblent à des chouettes, qui par leurs cris aigus & discordans voudroient faire rentrer dans le néant des génies qui s’efforcent à prendre l’essor ; on les voit faire l’analyse de livres que souvent ils n’ont point lus, qui finissent ordinairement par de plates & indécentes railleries, qui servent également à tous les ouvrages qu’ils ont intérêt de décrier.

Il est vrai, dit Monime, que nous en avons rencontré quelques-uns qui croient s’être acquis des lettres de noblesse par la digne profession de critique littéraire, quoiqu’on dise que les hautes sciences soient pour eux de l’algèbre, & les arts un grimoire. Un auteur éclairé nous compare à un de ces critiques, cerbère en furie, dont l’esprit