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Voyages

dans une espèce de sanctuaire obscur, dont l’ouverture étoit couverte de branches de lauriers. La Pithie étoit assise sur le trépied sacré. Cette femme, après s’être remplie d’une fumée odoriférante, parut s’animer d’une fureur divine, un violent enthousiasme la saisit, ses yeux s’enflamment, son visage s’anime, ses veines se gonflent, & l’on voit ses cheveux se hérisser : de violentes convulsions l’agitent, & l’esprit rempli de fureur, elle nous parut hors d’haleine ; cette terrible agitation dura plus d’une heure ; alors reprenant ses sens avec un air plus serein, elle prononce plusieurs oracles, les uns en vers, & les autres en prose, qui furent débités par le moyen d’une trompette parlante, dont les sons en se multipliant dans les rochers & les voûtes de ce ténébreux sanctuaire, en augmentant la voix, forment un retentissement qui imprime de la terreur & fait frémir les plus intrépides. Le trépied de la Pithie est environné & tout couvert de lauriers ; les parfums qu’on brûle dans son antre, y répandent une fumée qui ressemble à un nuage épais qui en dérobe presque la vue & empêche en même-tems de voir les préparations de la Pithie qui sans doute a plus d’une raison pour dérober la conoissance de ses mystères.

Lorsque la cérémonie fut achevée, Zachiel nous conduisit par des chemins tortueux dans l’antre de la Pithie. Aucun mortel n’osoit y aborder, c’est