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Voyages

la volupté, sans pouvoir jamais goûter ni l’un ni l’autre.

Je quittai mon sage après avoir passé deux jours avec lui. Je ne puis rien ajouter à son éloge, sinon qu’il est peut-être le seul philosophe & le seul homme libre qui soit actuellement sur le globe de la terre ; car presque tous ceux que j'y ai connus m’ont paru si fort au-dessous de l’homme, que j’ai remarqué des animaux au-dessus d’eux par leur instinct. La plupart des autres mondes se ressemblent assez, c’est ce qui m’a déterminé à reprendre la route du soleil, afin de me renfermer dans mon antre, à moins que les ordres d’Apollon ne me fassent retourner dans quelques-uns de ses temples.

Lorsque l’oracle nous eut quittés, Zachiel nous conduisit dans la forêt de Dodonne. Cette forêt est remplie de chênes qui, lorsque les vents agitent & secouent leurs branches, les feuilles se sentant animées par ce mouvement, prononcent d’une voix assez distincte leurs oracles. Au milieu de cette forêt sont deux colonnes fort élevées ; sur l’une est un bassin d’airain, & sur l’autre la statue d’un enfant qui tient à sa main un fouet, dont les cordes, aussi d’airain, sont si artistement arrangées, que lorsque poussées par les vents sur le bassin, elles y forment des sons différens, que les Gorgones qui sont au nombre de trois, expliquent chacune d’une manière différente, en donnant souvent plusieurs