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de Milord Céton.

sont de la nature des anges, je me disposois donc à remonter dans quel qu’autre monde, lorsque le hasard me fit faire la connoissance d’un sage qui fait la gloire de sa nation & la honte de ceux qui le connoissent, sans daigner récompenser en lui la vertu donc il est la vivante image.

Ce sage possède toutes les sciences & tous les talens dont un seul suffiroit pour le faire admirer ; mais croiroit-on que l’assemblage de si rares vertus soit resté enseveli sous le poids de l’infortune la plus affreuse ? O siècle de fer ! m’écriai-je en admirant ce philosophe ; injustes citoyens qui ne vous plaisez qu’à récompenser le vice & faire languir la vertu sous le fardeau de l’indigence ! souffre, lui dis-je, homme admirable que je corrige le sort en t’enseignant les moyens de te rendre heureux, accepte ces trois fioles ; l’une est remplie d’huile de talc, l’autre de poudre de projection, & la troisième d’or potable. Ce sage me refusa avec un dédain plus généreux que ne fit Diogène lorsqu’il reçut les offres & les complimens d’Alexandre.

Je ne connois pas, me dit-il, le prix du présent que tu m’offres ; soumis aux décrets de l’être suprême, ma vie se passe dans une tranquille paix ; content de mon état, je n’ambitionne rien, je plains seulement le sort de ces mortels, qui, toujours indigens au sein de l’opulence, & toujours appauvris par de nouveaux desirs, cherchent en vain le plaisir &