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de Milord Céton.

nature a imposé à tous les mortels : comment donc ont-ils pu parvenir jusqu’ici ? Si ta science étoit aussi sûre que tu l’oses assurer, reprit le génie, tu ne devrois pas ignorer toute l’étendue de mon pouvoir, ni les moyens dont je me suis servi pour les conduire jusqu’ici. Quoi qu’il en soit, je t’ordonne de leur apprendre ce qui t’est arrivé dans leur monde. Je ne puis me dispenser d’obéir à un génie supérieur, dit l’oracle, qui commença ainsi :

Arrivé dans le globe de la terre, je me suis rendu en Grèce, où je me fis connoître, après la mort de Socrate, pour son démon. J’ai instruit â Thebes Epaminondas ; ensuite passant chez les Romains, je me suis attaché à Caton, puis à Brutus. Personne n’ignore que tous ces grands personnages n’ont laissé à leur place que le fantôme de leurs vertus ; c’est pourquoi j’engageai quelques-uns de mes compagnons de suivre mon exemple en se retirant dans des temples, dans des cavernes ou dans des antres profonds ; mais les peuples étoient si stupides & si grossiers, que nous perdîmes bientôt tout le plaisir que nous prenions autrefois à les tromper ; cet amusement nous devint insipide. Il est bon d’instruire cette belle dame que mes camarades & moi, d’accord ensemble, avons exécuté mille choses extraordinaires sous différens noms que le fanatisme & la superstition avoient mis en vogue, singulièrement celui d’oracles, de dieux foyers, de Lares,