Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
Voyages

momens sont précieux, de grâce abandonnez ces lieux funestes, & soyez persuadée que de votre fuite dépend toute la tranquillité d’un monarque qui vous chérit plus que sa vie.

Fenix parut dans l’instant, son visage étoit baigné de larmes ; eh bien ! dis-je, ma Fenix, qu’as-tu appris ? Quel est donc ce fatal mystère si difficile à développer ? Hélas ! madame, ce n’est point ici le lieu de vous en instruire ; fuyez pour jamais un peuple injuste & ingrat qui vous demande à grands cris pour vous immoler à son indigne superstition. Qu’entends-je ! on en veut à ma vie ! Ah ! si ma mort peut assurer le repos de mon père, je ne balance point ; qu’on me conduise au temple, les dieux l’ont sans doute ordonné ; si je suis une victime digne de leur être offerte, de grâce ne me privez pas de la douceur d’en faire le sacrifice sans répugnance. Princesse, reprit Fenix, vous oubliez que la vie du roi votre père est attachée à la vôtre ; si vous vous obstinez à périr, vous vous rendrez coupable d’un parricide qui ne peut qu’irriter les dieux, puisque le roi a juré de ne point vous survivre un instant. Que ce serment est tendre, mais qu’il est cruel ! Hélas ! que me sert la vie si je dois la passer éloignée de mon père !

Une rumeur qui se fit entendre, obligea Germinus de m’enlever malgré ma résistance ; il gagna le vaisseau sans aucun obstacle. Fenix qui nous