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de Milord Céton.

Ma fille, reprit mon père, en me serrant tendrement dans ses bras, calmez cette agitation qui met le comble à ma douleur ; toujours plus digne de ma tendresse & de mon amour, soyez certaine que rien ne pourra jamais affoiblir ces sentimens ; mais, ma fille, il faut céder pour un tems à notre malheureux destin, en montrant une ame encore plus grande que les maux dont il nous accable. Que ces Dieux que vous implorez avec tant de zèle, vous soient plus propices & vous conduisent dans un endroit où vous puissiez jouir du repos qu’ils m’ont toujours refusé. Hélas ! repris-je, quel repos puis-je goûter éloignée de vous ? Ma fille, j’ose me flatter que vous ne serez pas long-tems privée de ma présence. Dans ce moment Germinus, confident du roi, vint lui annoncer que le vaisseau étoit prêt ; mon père s’arrachant alors de mes bras, ordonna à son confident de ne rien négliger pour assurer ma fuite.

Restée seule avec Germinus : princesse, me dit-il, le roi vous a sans doute instruite de ses volontés ; tout est calme dans le palais, les vents nous favorisent, au nom des dieux, madame, ne différez pas de profiter de cet instant. J’obéirai sans doute, repris-je en poussant un profond soupir. Mais Fenix ne revient point, je ne puis m’éloigner sans elle. De quel soin, madame, vous occupez-vous ? dit Germinus. Fenix ne court aucun risque, les