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de Milord Céton.

toujours montrés envers les dieux, je n’osai y répliquer. Restés tous deux dans un morne silence, j’attendois, pour me retirer, les ordres de mon père, lorsque jetant sur moi des yeux où une douleur mêlée de tendresse étoit peinte : eh bien ! ma fille, je consens que vous retourniez dans notre ancien exil, ces dieux cruels l’exigent, il faut leur obéir ; hélas ! puissiez-vous n’en être jamais sortie ! Allez, ma fille, rentrez dans votre appartement, je me charge du soin de faire tout préparer pour votre départ.

Saisie de la plus violente douleur, j’obéis au roi sans oser lui répondre ni le faire expliquer sur les causes d’une résolution si extraordinaire. Fenix étonnée du trouble qui m’agitoit, s’empressa d’en apprendre le sujet ; seule confidente de mes peines, je ne fis nulle difficulté de lui raconter les motifs qui occasionnoient mon désespoir : tu connois, ajoutai-je, les sentimens dont mon ame est pénétrée, tu sais la tendresse & le respect que j’ai toujours eus pour mon père : ce n’est pas, ma Fenix, que je doute aujourd’hui de la sienne, il n’a jamais cessé de m’en donner chaque jour de nouvelles preuves : cependant, le croirois-tu ? Fenix, mon père m’ordonne m’éloigner, & dans ce moment même tout se prépare pour cette funeste séparation.

À ce récit, Fenix plus instruite que moi du mal-