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de Milord Céton.

tiques riques & ennemis cachés du sang de Bolomine, inspirèrent au peuple le desir de consulter l’oracle d’Apollon, afin d’apprendre par quelle sorte de sacrifice on pourroit calmer le courroux des dieux, & se délivrer des fléaux qui désoloient l’état. Un de ces ministres fut chargé des présens qu’on devoit offrir, afin d’obtenir de l’oracle une réponse favorable.

Pendant le voyage de ce ministre, j’accompagnois tous les jours mon père au pied des autels. Ce prince me paroissoit tranquille ; une ame pure que le sort injuste poursuit, trouve sa consolation dans le témoignage de sa conscience ; elle espère que le tems, cet ami fidelle de la vérité & de la justice, fera un jour éclater son innocence. Cependant le ministre annonça son retour ; mais hélas ! ce ne fut que pour remplir tout le palais de trouble & d’horreur. Le perfide se fit une secrète joie de faire publier au peuple qu’à son approche vers le temple tout y avoit retenti d’un bruit semblable à celui du tonnerre, que des feux brillans s'étoient fait voir dans l’air, que l’antre de la prêtresse avoit tremblé, & qu’enfin agitée par le dieu qui l’animoit, elle avoit prononcé cet oracle :

La divinité, offensée par les crimes d’un peuple ingrat, ne peut s’appaiser que par le sang d’une vierge pure ; Bolomine tient seul ce trésor.