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de Milord Céton.

il renouvela ses intrigues & ses cabales qui suscitèrent de nouveaux troubles, malgré les soins du roi.

Privée souvent pendant des mois entiers de la douceur d’embrasser mon père, je regrettois ce tems heureux où je jouissois sans cesse de la satisfaction de l’entretenir, où son cœur rempli de tendresse n’étoit sensible qu’au plaisir de m’instruire, de perfectionner mon ame, de la former pour la vertu ; c’étoit alors les seuls biens qu’il envioit. Funestes grandeurs, vains honneurs, biens frivoles, hélas ! pourquoi êtes-vous venus me ravir la paix dont je jouissois ? Peu flattée de tout ce qui m’environne, non, ce n’est point au sein des grandeurs qu’on trouve la vraie félicité. Depuis que je suis à la cour qu’y ai-je remarqué ? Des courtisans adulateurs qui bornent toute leur étude à nous déguiser la vérité, à tâcher de pénétrer dans l’intérieur de notre ame pour tirer un plus sûr avantage de nos foiblesses.

Fenix, surprise de m’entendre regretter sans cesse mon désert, entreprenoit en vain d’en faire le parallèle avec tout ce que la Cour a de plus séduisant ; ces peintures ne faisoient que redoubler mes ennuis, un noir pressentiment sembloit m’annoncer de nouveaux malheurs, & je comparois mon séjour à la cour, à ces songes légers que l’aube, avant-courier du jour, apporte sur ses aîles dorées, &