Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
Voyages

de jours au camp des vainqueurs. Nous fumes d’abord introduits dans la tente du roi, qui nous reçut avec toute l’affection qu’on peut attendre d’un prince aussi généreux que sensible aux malheurs d’un souverain qui méritoit par ses vertus un sort plus heureux. Ces deux princes eurent ensemble une longue conversation, qui se termina de la part du conquérant par les plus fortes assurances de ne point rentrer dans ses états qu’il n’eût rétabli mon père sur le trône de ses ancêtres.

L’effet suivit de près les promesses, & le roi de Bolomine rentra triomphant dans sa ville capitale aux acclamations d’un peuple toujours avide de nouveauté. Le roi se fit d’abord conduire au temple d’Hercule, où je l’accompagnai, pour rendre grâces aux dieux des faveurs qu’ils venaient de lui accorder. Mais sa douleur fut extrême ; lorsqu’il vit que ce temple avoit été pillé & qu’on en avoit enlevé toutes les richesses. Mon père regretta sur-tout deux colonnes d’une beauté admirable. Le roi fit offrir plusieurs sacrifices ; après avoir achevé nos prières, nous entrâmes dans le palais au son de mille instrumens.

Deux années se passèrent pendant lesquelles le roi fut sans cesse occupé à tâcher de pacifier les troubles qui régnoient encore dans ses états. L’usurpateur chassé honteusement, ne se crut pas abattu ;