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de Milord Céton.

conservation de vos jours. Je jouis tranquillement de toute votre tendresse, peut-il y avoir un bien comparable à celui de vous prouver chaque jour mon respect ? Cessez donc d’empoisonner un bien si cher & si précieux pour mon cœur, par d’inutiles & vains regrets. Mon père plus attendri encore par mes caresses, ne put retenir ses larmes qui se confondirent avec les miennes ; cet attendrissement dura quelques instans, après quoi mon père, revenu de son trouble, me fit un long détail de toutes ses infortunes ; il me laissa ensuite avec Fenix, ma nourrice.

Cependant mon père du fond de sa retraite s’étoit conservé des correspondances avec quelques-uns de ses sujets qui lui étoient restés fidelles : un de ses officiers vint un jour lui annoncer les conquêtes rapides d’un monarque à qui tout cédoit, & qui venoit de chasser l’usurpateur, après avoir défait toute son armée ; que le projet de ce prince étoit de se rendre maître de toute la Bolomie, & qu’il étoit tems de paroître pour réclamer les droits qu’il avoit sur ce royaume. Le roi mon père, charmé d’apprendre cette nouvelle, ne balança point à suivre cet officier, après qu’il l’eut assuré qu’il avoit rassemblé un grand nombre de ses sujets qui lui étoient restés fidelles.

Nous partîmes à l’instant & arrivâmes en peu