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de Milord Céton.

qu’elle s’efforçoit en vain de retenir, ce qui engagea Zachiel à confirmer le discours de Monime par de nouvelles promesses de la protéger & de lui procurer tous les agrémens nécessaires à sa tranquillité. Cette belle personne, soulagée par ces assurances, commença à nous montrer un visage plus serein ; elle parcourut des yeux tout ce qui l’environnoit, cherchant sans doute à découvrir quelle étoit la contrée qu’elle alloit habiter, fort éloignée de penser qu’elle avoit quitté le globe qui l'a vu naître, n’étant point encore instruite de la pluralité des mondes. Mais Monime qui desiroit ardemment d’apprendre le sujet de ses disgraces ; la supplia, avec instance, de vouloir bien nous en faire le récit. Cette jeune personne, sans trop se faire prier, céda volontiers à l’empressement de Monime, & commença ainsi l’histoire de ses malheurs.

Je me nomme Sephise, & vous voyez en moi l’infortunée fille du roi Bolomine. Mon malheureux père, forcé de céder son royaume à celui que les brigues & les mauvaises manœuvres en avoient rendu le maître, abandonné de ses sujets, réduit à mener une vie laborieuse ; ce prince infortuné vécut long-tems dans un exil volontaire qu'il s’étoit choisi au milieu d’un désert, je fus la seule compagne de sa misère, ma mère perdit la vie en me