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de Milord Céton.

Ainsi parla ce respectable vieillard qui se retira après avoir perdu de vue le vaisseau qui faisoit l’objet de sa crainte & celui de son espérance. Je le suivis dans son palais, où m’étant rendu visible, j’employai ce que je crus de plus consolant pour calmer sa douleur, en lui promettant de voler au secours de l’objet de sa tendresse. Après l’avoir quitté, fidelle à ma promesse & guidé par le desir de rendre à la vertu les secours dont elle n’est que trop souvent privée, je pars, & d’un vol rapide je traverse la mer ; ses mugissemens me font craindre que le vaisseau, après avoir été le jouet des vents & d’une affreuse tempête, ne se soit brisé contre quelque roche. Je descends en planant toujours sur les bords de la mer, où j’apperçois les débris d’un vaisseau sur les rives d’une isle déserte ; j’avance & trouve étendue sur le sable cette jeune personne, que l’aspect d’un affreux serpent prêt à la dévorer avoit rendue immobile : mon cœur en cet instant se sentit saisi d’horreur, une force majeure m’entraîne vers elle, j’écarte le monstre, & la saisissant dans mes bras je l’enveloppe d’un nuage ; je remonte, & d’un vol rapide je fends les airs pour venir la déposer dans le Soleil, où j’étois sûr de vous rencontrer ; c’est à vos soins que je la confie, elle est digne d’accompagner l’aimable Monime ; une cuillerée d’élixir élémentaire que je viens de lui faire prendre a entièrement