Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
de Milord Céton.

pendant on a remarqué plus d’une fois qu’un philosophe, à force d’exercer son esprit, de fatiguer son imagination, & d’entasser images sur images, grossit tellement sa cervelle, que le crâne ne la pouvant plus contenir, est forcé de se fendre avec éclat ; cette façon de mourir est sans doute la plus distinguée, aussi est-elle celle des plus grands génies.

Presque tous les habitans de ce monde jouissent d’une tranquillité d’esprit & d’une paix inaltérable ; on ne les voit point exposés à l’inconstance ou à la trahison de faux amis, ni aux pièges invisibles d’ennemis cachés, parce que la fraude est regardée chez eux comme un crime aussi énorme que le vol & l’allusion : leurs Législateurs ont établi pour principe certain que les soins & la vigilance d’un esprit ordinaire peuvent garantir ses biens contre les attaques des bandits, mais que la probité n’a point de défense contre la fourberie & la mauvaise foi des hommes.

Ici les philosophes vivent dans une grande considération : également recherchés des grands & de tous les citoyens, on leur confie l’éducation des princes & princesses ; l’avantage qu’ils retirent de cette éducation est le privilège de leur annoncer la vérité en tout tems, & de la porter jusqu’au pied du trône, où l’on peut dire qu’elle paroît si rarement dans les autres mondes.